06/01/2012

A une passante : Tattegrain


Francis Tattegrain - La ramasseuse d'épaves, 1880
Château-musée de Boulogne-sur-mer


Formé à l'académie Jullian, habitué du Salon et des commandes officielles de la IIIème République, Francis Tattegrain (1852-1915) est à son meilleur quand il peint les petits métiers de la mer sur les plages de Berck et de la baie d'Authie - ainsi En attendant la marée basse - avec une prédilection pour les ramasseurs et les récupérateurs d'épaves dont on se demande parfois s'ils ne sont pas tout simplement des naufrageurs. Quand il se mettait en congé d'académisme, il produisait de jolies vues quasi-impressionnistes de Senlis. Et il ne dédaignait pas non plus de peindre des enseignes en picard.

Il connut une fin peu courante pour un peintre, la mort violente dans l'exercice de son art - tué en 1915 par un tir d'artillerie alors qu'il dessinait le beffroi d'Arras.


La ramasseuse ploie sous sa charge de bois échoué, dont la forme évoque celle d'une croix, ainsi qu'un sous-texte religieux. On appelle sauveteur d'épave - c'est le titre même d'une toile de Tattegrain, en lien un peu plus haut - celui qui récupère, en mer ou sur le rivage, un objet de quelque valeur abandonné aux flots. Le féminin sauveteuse n'était pas usité du vivant de l'artiste, mais le parallèle implicite avec la Vierge salvatrice paraît assez clair. Tattegrain a peint, pour la cathédrale Notre-Dame de Boulogne-sur-mer, une Vierge miraculeuse de Boulogne. Stella maris, Saintes-Maries de la mer, Bonne-mère des ex-voto - et leur envers mythologique, la sirène naufrageuse. 

Mais ici pas de manteau bleu pour cette ramasseuse laïque, qui aurait bien besoin d'un coup de main - car, contrairement à la Sainte Vierge, les vrais travailleurs de la mer viennent après la catastrophe.

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