16/08/2010

Ex-libris/Anti-pigeons

Rue Charles-Baudelaire, Paris
Percée en 1904 sur l'emplacement de l'ancien Hôpital Trousseau, lui même construit à la suite de l'Hôpital des Enfants-Trouvés.


Tous imberbes alors, sur les vieux bancs de chêne
Plus polis et luisants que des anneaux de chaîne,
Que, jour à jour, la peau des hommes a fourbis,
Nous traînions tristement nos ennuis, accroupis
Et voûtés sous le ciel carré des solitudes,
Où l’enfant boit, dix ans, l’âpre lait des études.
- C’était dans ce vieux temps, mémorable et marquant,
Où forcés d’élargir le classique carcan,
Les professeurs, encor rebelles à vos rimes,
Succombaient sous l’effort de nos folles escrimes
Et laissaient l’écolier, triomphant et mutin,
Faire à l’aise hurler Triboulet en latin. —
- Qui de nous en ces temps d’adolescences pâles,
N’a connu la torpeur des fatigues claustrales, 

- L’œil perdu dans l’azur morne d’un ciel d’été,
Ou l’éblouissement de la neige, — guetté,
L’oreille avide et droite, — et bu, comme une meute,
L’écho lointain d’un livre, ou le cri d’une émeute ?

C’était surtout l’été, quand les plombs se fondaient,
Que ces grands murs noircis en tristesse abondaient,
Lorsque la canicule ou le fumeux automne
Irradiait les cieux de son feu monotone,
Et faisait sommeiller, dans les sveltes donjons,
Les tiercelets criards, effroi des blancs pigeons
...

Charles Baudelaire - (A Sainte-Beuve), ca 1844, Poésies de jeunesse et poésies diverses



Ex-libris de Baudelaire
Source : Confessions of a Bookplate Junkie, le superbe blog de Lew Jaffe


A noter que les piques anti-pigeons peuvent entraîner les esprits créatifs à rêver à d'autres applications.





Et pendant ce temps là...
 ...qui paie ses dettes s'enrichit.

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