13/05/2009

L'art de la rixe : Meissonnier/Bracquemond


Ernest Meissonnier -
La rixe, 1855



Bracquemond -
La rixe, d'après Meissonnier, 1885

Ici, le combat se joue aussi entre l'original et l'estampe qui le reproduit, l'avantage revenant de loin à cette dernière. Là où Meissonnier assourdit - et alourdit - le mouvement d'ensemble par le clair-obscur, Bracquemond l'éclaire (voir le traitement du mur du fond) et l'ouvre (la porte à droite). Meissonnier peint une scène de genre classique, certes plus expressive que d'autres disputes de taverne, mais se retranche dans une manière qui neutralise la violence de son sujet. Bracquemond, au contraire, utilise les ressources de l'eau-forte - contraste, expressivité - pour en faire une pure sauvagerie en suspens. Ce que nous saisissons instinctivement du tableau de Meissonnier c'est une tension qui évite la rixe. La gravure de Bracquemond, elle, laisse la porte grande ouverte à un dénouement sanglant - on pourrait même dire qu'elle le fait désirer.

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