de Thierry.
En 70 et 71 nos deux groupes (Révo et VLR) étaient très proches, je me souviens de Thierry à Censier, il était une fois et demie plus grand, plus large et plus fort que tout ce qui l'entourait, cela lui donnait cette assurance inquiéte de ceux qui ne savent pas trop jusqu'où il faut suivre leur corps.
Je me souviens de la rage de Thierry le jour où un tir tendu de CRS a défiguré son ami Richard Deshayes.
Je me souviens du slogan du FLJ, le Front de Libération de la Jeunesse, créé par Richard et Thierry; c'était "nous ne sommes pas contre les vieux, nous sommes contre tout ce qui les a fait vieillir".
Je me souviens que Thierry avait inventé le jeu du "qu'est-ce-que je fais là ?" : il s'insinuait dans un TD de la Fac, s'asseyait au dernier rang, et au bout d'un quart d'heure de cours, il se levait brusquement et criait "mais qu'est-ce que je fous là ? C'est ça la vie ? Mais ce qu'on écoute ici n'a rien à voir avec ce que je veux vivre, je m'ennuie, je veux vivre ! Partons d'ici!" Il n'était pas rare qu'il emmène avec lui une partie du cours; puis il recommençait dans un autre TD. Evidemment il était comme nous, complètement en-dehors des études, et il passait là entre les manifs, le militantisme à Flins, la base ouvrière de VLR, la communauté où il vivait. Drôle d'époque.
Puis il y a eu l'auto-dissolution de VLR, la création de "Tout", mais la majorité de notre groupe n'a pas suivi la trajectoire, nous restions de bons militants.
La vie de Thierry (mais là je ne suis plus que par la presse, voir par exemple ici pour quelques jours dans Libé) c'était ensuite la critique rock à Libération, la musique, la production musicale, Virgin France, le lancement des Rita Mitsouko et de Marquis de Sade, et il n'a pas l'air d'avoir tenu jusqu'au bout dans le monde des requins.
Thierry Haupais retiré à Trouville est mort lundi d'une cirrhose à 55 ans. Je recopie la fin d'un de ses derniers éditoriaux :
En 70 et 71 nos deux groupes (Révo et VLR) étaient très proches, je me souviens de Thierry à Censier, il était une fois et demie plus grand, plus large et plus fort que tout ce qui l'entourait, cela lui donnait cette assurance inquiéte de ceux qui ne savent pas trop jusqu'où il faut suivre leur corps.
Je me souviens de la rage de Thierry le jour où un tir tendu de CRS a défiguré son ami Richard Deshayes.
Je me souviens du slogan du FLJ, le Front de Libération de la Jeunesse, créé par Richard et Thierry; c'était "nous ne sommes pas contre les vieux, nous sommes contre tout ce qui les a fait vieillir".
Je me souviens que Thierry avait inventé le jeu du "qu'est-ce-que je fais là ?" : il s'insinuait dans un TD de la Fac, s'asseyait au dernier rang, et au bout d'un quart d'heure de cours, il se levait brusquement et criait "mais qu'est-ce que je fous là ? C'est ça la vie ? Mais ce qu'on écoute ici n'a rien à voir avec ce que je veux vivre, je m'ennuie, je veux vivre ! Partons d'ici!" Il n'était pas rare qu'il emmène avec lui une partie du cours; puis il recommençait dans un autre TD. Evidemment il était comme nous, complètement en-dehors des études, et il passait là entre les manifs, le militantisme à Flins, la base ouvrière de VLR, la communauté où il vivait. Drôle d'époque.
Puis il y a eu l'auto-dissolution de VLR, la création de "Tout", mais la majorité de notre groupe n'a pas suivi la trajectoire, nous restions de bons militants.
La vie de Thierry (mais là je ne suis plus que par la presse, voir par exemple ici pour quelques jours dans Libé) c'était ensuite la critique rock à Libération, la musique, la production musicale, Virgin France, le lancement des Rita Mitsouko et de Marquis de Sade, et il n'a pas l'air d'avoir tenu jusqu'au bout dans le monde des requins.
Thierry Haupais retiré à Trouville est mort lundi d'une cirrhose à 55 ans. Je recopie la fin d'un de ses derniers éditoriaux :
Salut à toi, joli mec aux yeux bruns ;
salut à toi, jeune fille aux yeux verts.
Salut mon copain.
Je cherchais des infos sur le FLJ et j'ai trouvé ce texte émouvant sur Thierry Haupais. Un ami le connaissait par le Rock. Dans les années 70 je fricotais à Rouen avec le groupe Révolution!, mais j'étais bien plus attiré par le journal Tout!, le FLJ et les Situs. L'affaire Richard Deshayes m'avait bouleversé.
RépondreSupprimerSouvent je me demande ce qu'est devenu Richard, peut etre que quelqu'un le sait ?
Merci pour le partage
Non, je n'ai effectivement pas trouvé trace, sur Internet ou ailleurs, de Richard Deshayes. Sa dernière trace, pour moi, est à la p. 560, tome II de Génération, le bouquin discutable (mais existant...) de Hamon et Rotman ; on y voit un groupe de VLR sous acide, dont Richard, faire le procès du chef Roland Castro en sa présence...
RépondreSupprimerMoi je cherchais des infos sur Lawson wood... Et je tombe sur Thierry Hauppais. Richard va bien pour l'essentiel, il vit à Caen où il est Kiné ostéopathe. Toujours vraiment vivant, sans compromis, passionné par l'anthroposophie, travaille à un ouvrage de spiritualité libertaire genre : "l'évangile selon saint moi" ou quelque chose du genre. Un pur.
RépondreSupprimerMerci pour ces nouvelles... Concernant Lawson Wood il y a quelques petites choses sur VTS, à l'adresse
RépondreSupprimerhttp://www.fulltable.com/VTS/aoi/l/lw/lw.htm
mais tu connais peut-être déjà.
Sinon Tom Sutpen & Co de if Charlie Parker was a ginslinger... à l'adresse
http://tsutpen.blogspot.com/
tiennent une petite chronique sur LW, il faut chercher "from the sketchbook of Lawson Wood" dans leurs tags.
Bonne chasse...
'Changer la vie'
RépondreSupprimerJe cherche pour ma these des infos sur le FLJ/VLR, Tout! et la presse radicale/parallele de cette epoque (1970-71), surtout en province. Si vous etiez militant, communautaire ou autre partisan, svp contactez-moi a manusmcgrogan@hotmail.com
Je voulais avoir des nouvelles de Richard Deshayes. Je suis bien content de savoir qu'il va bien. Merci à Julien.
RépondreSupprimer@mac64 ça fait plus d'un an que tu as demandé de la doc sur FLJ pour ta thèse et je ne sais pas comment t'envoyer un mél. Fin août 71, le FLJ a "organisé" un camping sauvage national à Palavas. Les CRS ont chargé; arrestations; procès. J'étais au Secours Rouge à Montpellier. On a défendu les jeunes. J'ai le dossier SR à ta disposition. Cf aussi articles/photos dans l'Observateur et Tribune Socialiste (hebdo PSU).
Merci pour ce texte.
RépondreSupprimerBonjour, je viens de découvrir un documentaire intéressant de 30 mn sur Richard, de Frederic Loth, ou il évoque ces années. C'est très émouvant de l'écouter.
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=NDrQTKdb4Gs